Traité du croire (Glaubenslehre) Cours théologie systématique de 1913
La théologie dialectique du siècle dernier, Karl Barth en tête, avait cru pouvoir considérer la Glaubenslehre d’Ernst Troeltsch (1865-1923) comme un texte décevant et préconisait de le laisser tomber dans l’oubli. Ce texte s’avère aujourd’hui des plus actuels tant sous l’angle de ses analyses et de ses audaces touchant au problème de Dieu ou à celui du salut que sous celui d’une confrontation avec les exigences de la pensée scientifique et plus encore avec les autres grandes religions du monde.
Si « Les doctrines sociales des Églises et groupes chrétiens » reste l’opus magnum de Troeltsch – dont Jean Séguy a pu dire qu’il constitue « une propédeutique obligée à toute sociologie du christianisme » –, il ne faut pas oublier que son auteur a d’abord été professeur de dogmatique.
Pour bien comprendre la pensée de Troeltsch, y compris sous l’angle sociologique, il faut donc s’intéresser aussi à sa théologie, plus précisément encore à sa dogmatique, c’est-à-dire à ce qu’il pouvait bien penser doctrinalement à propos de Dieu, du Christ, de l’Esprit, du salut, de l’Église, etc.
S’il avait survécu à la maladie qui l’enleva subitement en 1923, Ernst Troeltsch aurait-il jamais pris le temps de mettre au point pour une édition en bonne et due forme ses idées proprement théologiques ? On peut en douter : à la fin de sa vie, il assignait à la philosophie de la religion la fonction même qui aurait pu ou dû être celle de la théologie. La distinction entre théologie et philosophie n’avait plus pour lui et n’avait d’ailleurs jamais eu ni le sens ni l’importance que la théologie dialectique devait lui attribuer dès les années 1920 et pendant une bonne partie du xxe siècle. Ou pour le dire en d’autres termes, la philosophie de la religion était pour lui les prolégomènes dont ne pouvait se passer une théologie sensément pensée.
Dans la presse
Recension d’André Gounelle dans Études théologiques et religieuses, ETR 2016/3 Tome 91, p. 525-526
Bernard Reymond, « Enrst Troeltsch, la composante non médiatisable de la foi », dans Études théologiques et religieuses, ETR 88° année, 2013/1, p. 37-51