Notre livre L’«Affaire Vivaldi» de Federico Maria Sardelli a été récompensé hier soir, 5 avril 2023, aux Deux Magots, à l’unanimité des voix du jury, du Prix Pelléas qui couronne l’« ouvrage sur la musique aux plus belles qualités littéraires ».
C’est en effet la forme romanesque qu’a choisie Sardelli – chef d’orchestre, flûtiste et musicologue – pour relater la rocambolesque histoire de la disparition et de la miraculeuse réapparition de l’ensemble du corpus manuscrit de Vivaldi. L’histoire en est si mouvementée et pleine de rebondissements que nous avons parfois l’impression de lire un polar… Tout, pourtant, est documenté historiquement dans une brève mais rigoureuse note sur les sources!
Ce musicologue chargé, à la succession de Peter Ryom, de l’établissement du catalogue raisonné des œuvres de Vivaldi, n’a pas opté pour un lourd essai musicologique, offrant toutefois au lecteur la même qualité scientifique sous une forme littéraire.
Il s’agit d’une mémoire perdue… de celle de la musique de Vivaldi que nous considérons aujourd’hui comme un patrimoine immémorial et sauvegardé pour toujours, mais qui, si les salésiens n’avaient pas voulu construire une nouvelle chapelle dans les tristes années 1920 de l’Italie fasciste, aurait sans doute disparu pour toujours… Nous en garderions un vague souvenir par quelques transcriptions, dont celles magnifiques par Jean-Sébastien Bach pour clavier, mais tout le reste serait disparu… Fragilité de la mémoire!
Notre «post» devient trop obscur? Ne vous parlions-nous pas de polar!
Et les épisodes sont plus nombreux encore, que vous pourrez découvrir en lisant ce roman haletant et enlevé! Ne craignez pas d’être ballottés de 1740 à 1926 avec plusieurs aller-retour; ces étapes secouantes sont indispensables à la compréhension de toute cette histoire abracadabrantesque!
Sardelli a su, avec une virtuosité toute musicale, jouer des registres de la langue italienne, régionaux et temporels – du dialecte vénitien à la langue pompeuse et autosatisfaite de l’oligarchie fasciste, en passant par maintes autres tonalités –, et sa traductrice, Martine Legein, a rendu cela dans notre langue dans une interprétation très fidèle de la partition du Maestro Sardelli.
C’est donc sans doute tout cela que le jury du Prix Pelléas a voulu consacrer, et nous lui en sommes infiniment reconnaissant.
Pour cette édition, le jury, présidé par Alain Duault, sous le secrétariat de Jean-Yves Clément, était composé de Ivan A. Alexandre, Bertrand Dermoncourt, Benoît Duteurtre, Nicolas d’Estienne d’Orves, Sylvain Fort, Lola Gruber, Georges Liébert et Marie-Aude Roux.
Nous les remercions ici du fond du cœur! Et comme le Maesto Sardelli, qui ne pouvait être présent à la remise du Prix, terminait son message: «Pour la plus grande gloire de Vivaldi! Et pour le plaisir de tous!»