Philosophie de la Musique Vers un opéra social (1835)
Figure éminente du Risorgimento, Giuseppe Mazzini (1807-1871) symbolise le combat pour la réunification de l’Italie, qu’il soutint, de son exil londonien, par l’organisation inlassable de soulèvements contre les « occupants » étrangers, et une activité d’écrivain, de journaliste, de pamphlétaire. Sa pensée politique est centrée sur les idées d’union, de synthèse, de solidarité, ainsi qu’un renouveau de la Foi, visant à dépasser l’individualisme.
Mazzini était un peu musicien (il jouait de la guitare), fréquentant des chanteurs célèbres qui participèrent de temps à autre aux concerts de bienfaisance qu’il organisait. Sa Philosophie de la musique (1835), seul texte qu’il ait consacré à la musique, s’inscrit dans un programme esquissant une régénération de la culture italienne, élément essentiel pour la création de nouvelles mentalités et structures politiques.
L’essai se présente comme un projet pour le renouveau de l’opéra. L’opéra que Rossini – symbole de l’individualisme conquérant – a porté à son point de perfection est désormais caduc. Mazzini croit d’ailleurs percevoir une nouvelle esthétique chez Donizetti. Le règne absolu de la mélodie et le morcellement de la forme ne sont plus satisfaisants : il faudra une unité, une couleur prédominante, une vraisemblance historique, donner plus de place aux chœur, retravailler le récitatif. Mazzini va jusqu’à anticiper le leitmotiv wagnérien – ce qui valut à ses idées d’être à nouveau commentées à la fin du XIXe siècle.
Ce texte essentiel n’est donc pas un pamphlet ou une satire de plus : ses formulations incisives sont au service d’une régénération, passage d’une simple forme de distraction vers un « opéra social » qui s’inscrirait dans la cité.