Longtemps producteur à France-Musique, actuellement directeur à l’abbaye de Royaumont et à Genève de festivals de musique contemporaine et d’un cours de composition, Marc Texier accompagne activement depuis des années l’évolution de la musique d’aujourd’hui.
Assistant à la disparition progressive de l’idée d’avant-garde pour celle de post-modernité, il retrace ce cheminement du début des années 1980 sous la forme d’un journal mêlant les impressions au sortir d’un concert aux portraits développés de quelques auteurs préférés : Ives, Zimmermann, Ohana, de Pablo, Barraqué, Scelsi, Huber, Ferneyhough…
Parallèlement à cette trajectoire, les rencontres fortuites, les « caractères » – au sens de La Bruyère – les paysages et les villes (Jérusalem, New York, Hambourg, Rome, Bruxelles) rythment cette réflexion sur les formes, les rites, les gloires, les ridicules, les discours de la musique moderne. Le répertoire en est le point de fuite : Bouzignac si proche de Messiaen, Brahms de Forqueray, l’interprétation de Marcelle Meyer ou de Maria Yudina, Wagner aiguillon d’une renaissance de la poésie française de Baudelaire à Valéry.
Car les lectures, en particulier des pensées jetées chaque matin par Valéry dans ses Cahiers, ou les journaux d’écrivains, sont les modèles d’une interrogation sur l’art qui refuse la certitude et le discours critique assuré. Pour Marc Texier, la beauté des œuvres n’est pas « une roche dure noyée dans les sédiments de l’époque qui se dégagerait peu à peu de cette gangue par l’érosion de générations de regards, finissant par former un pic visible au loin dans la grande plaine excavée de l’histoire de l’art. » Avant que le temps n’élague les richesses de l’art contemporain et en fausse à jamais la perspective, il lui faut témoigner le plus subjectivement possible de son histoire.