Helmut Lachenmann (né en 1935) apparaît comme le compositeur allemand le plus marquant de la génération après Stockhausen.
Très critique vis-à-vis de la situation musicale à la fin de l’ère sérielle, refusant aussi bien la musique aléatoire que le théâtre musical, il choisit de composer une musique faite de bruits, mais produits par les instruments classiques. Lachenmann allait scruter alors, comme si l’on retournait un tapis, l’envers du son, décomposant le geste sonore pour faire apparaître toute une fragile richesse –souffles, frottements et tremblements, considérés comme point de départ d’un nouveau travail motivique.
Ce livre retrace l’évolution de Lachenmann, de ses premières œuvres de « musique concrète instrumentale » jusqu’à son récent opéra d’après La Petite fille aux allumettes d’Andersen, en passant par les grandes pièces d’orchestre, où se déploie une imagination sonore sans bornes, trouvant des « rimes acoustiques » toujours nouvelles.
Pour Lachenmann cependant, la composition n’est pas un agencement agréable ou intéressant de sonorités nouvelles. L’enjeu de l’oeuvre musicale réside dans une transformation de l’écoute, qui doit passer des calcifications traditionnelles du son « philharmonique » vers une perception libre. Exprimée dans de nombreux textes, cette esthétique n’est pas sans résonances philosophiques, dont on cherchera ici les origines dans certains textes de Kant.